dimanche 5 avril 2020 à 16h

Récital Vittorio Forte, poète du piano

C'est, à n'en pas douter, avec un grand plaisir que le public retrouvera le pianiste italien Vittorio Forte. Disque après disque, salués par la critique unanime en France et à l'étranger, ce poète du piano affirme une personnalité originale et sensible dont la formation musicale a pris des chemins de traverse avant la rencontre de grands maîtres tels Menahem Pressler, Fou Ts'Ong, Andreas Staier ou Stanislav Ioudenitch, au sein de l'Académie Internationale de piano du Lac de Come.

Après un premier CD chez Lyrinx consacré à son compatriote Clementi, qui attire sur lui les regards, et un second à Schumann, il ose des rapprochements musicaux audacieux et pertinents : Couperin-Chopin, affinités retrouvées, Schubert-Gerswhin, en passant par Liszt et Wild, hommage à la voix à travers les transcriptions de lieder et mélodies.

Depuis toujours, Vittorio Forte voue un amour particulier à Chopin dont il a enregistré toutes les Valses (label Aevea), avant de nous faire découvrir d'autres horizons pianistiques dans un CD consacré à Carl Philipp Emanuel Bach (label Odradek), second fils de Jean Sébastien, considéré comme un maître du ″style sensible″ qui s'épanouit dans la seconde moitié du 18è siècle. Admiré de Haydn, Mozart et Bethoven, le « Bach de Berlin et de Hambourg » est baroque par sa grande liberté d'invention mais annonciateur du grand classicisme, selon Vittorio Forte, qui ouvre son récital avec « Abschied » et « 12 Variations sur « la Folia », thème fameux qui a inspiré nombre de compositeurs depuis le 16ème siècle. Suivront, de Beethoven, la Fantaisie op.77, au caractère de géniale improvisation, et les 32 Variations WOo 80, construites sur un motif baroque de chaconne.

La seconde partie du récital est dédiée à Chopin. Elle commence par les Impromptu n°2 op.36 et n°3 op.51 ; ornés de motifs mélodiques d'une spontanéité sans pareille, ces pages sont pleines d'une sensibilité poétique extraordinaire. Celle de Vittorio Forte, alliée à une technique parfaite, et son toucher fin et délicat, sont faits pour ces pièces. Au programme également, la Fantaisie op.49, vaste composition très romantique, affectionnée par Chopin ; la Fantaisie-Impromptu op.66, une des plus belles et des plus célèbres pièces du compositeur polonais et la Polonaise-Fantaisie op.61 où, selon le musicologue Z.Jachimecki, « le piano parle ici dans une langue inconnue auparavant».

Un programme savamment construit, qui nous invite à la découverte d'œuvres puissantes, exigeantes sur le plan techniques et pour certaines peu jouées. Mais n'est-ce pas le rôle d'un musicien d'ouvrir les yeux -et surtout les oreilles- au public ?

Lien : https://ariege.demosphere.net/rv/12454
Source : message reçu le 4 mars 19h